Ammi Said

Un autre vieil homme raconté par un ami au hasard d’une conversation au téléphone. A l’opposé des deux autres, Ammi Said exprime sa haine chaque fois qu’il en a l’occasion. Il faut dire aussi que les aventures qu’il a vécues laissent une emprunte profonde : Il avait moins de 20 ans et accompagnait son père au marché hebdomadaire. Cela se passait durant la deuxième guerre mondiale. A la sortie du marché, des soldats l’arrêtèrent. Avant qu’il ne comprit ce qui lui arrivait, il se retrouva enrôlé dans l’armée Française et embarqué sur un bateau à destination de la lointaine France. Sitôt arrivé, il fut mis dans un avion, harnaché d’un parachute et balancé au-dessus de la Normandie. Tout cela bouleversa le pauvre Said, qui ne connaissait de la vie que la mule de son père et le chemin de montagne qui mène au marché. Mais ce qui lui déplut le plus et qu’il n’oubliera plus jusqu’à sa mort, c’est le coup de pied qu’il reçut à cause de sa réticence à sauter dans les airs. Cela lui était inadmissible. Ce coup de pied cependant, allait élargir son horizon au-delà de la mule paternelle et du chemin de montagne. La guerre cessa. Il revint au pays et s’installa à la ville. Comme beaucoup de gens de toutes les après-guerres, il s’adonna au marché noir de l’huile, le savon et d’autres produits avant de trouver un travail stable dans une petite entreprise de peinture. Cette petite entreprise appartenait à un Français qui quitta le Pays dès l’indépendance de l’Algérie. Ammi Said hérita donc de l’entreprise et la fit prospérer si bien, qu’à présent il règne sur un véritable empire. Mais ni les guerres, ni la fortune, ni le pouvoir n’arrivent à éteindre de son cœur la haine des français à cause du coup de pied reçu soixante ans plus tôt dans le ciel de Normandie.

Kourde Yacine.