Sultan, le chien fidèle.


Le Serment Silencieux.

Dans la belle ville d’Oran, bercée par le souffle salin de la mer et parfumée par le jasmin des jardins, vivait une femme au cœur immense, du nom de Fatma. Sa douceur, sa générosité, et son amour de la vie faisaient d’elle une âme rare. Mais son amour le plus profond, le plus sincère, allait à Sultan, son fidèle berger allemand à la fourrure dorée comme les rayons du soleil couchant sur la Méditerranée.

Entre eux, pas besoin de mots. Un simple regard suffisait. Leur complicité était un langage muet, tissé de tendresse, de loyauté, de silences éloquents. Sultan n’était pas un chien comme les autres. Il était son compagnon d’âme, son gardien de l’ombre, son ami silencieux qui comprenait tout sans jamais juger.

Leur quotidien était fait de rituels simples mais précieux : des balades au bord de la corniche, des instants de repos dans le petit jardin, des soirées paisibles où Sultan posait sa tête contre les genoux de Fatma, le regard plein de dévotion.

Mais un jour, le vent a tourné. La maladie est venue, discrète d’abord, puis implacable. En quelques jours, Fatma a quitté ce monde, laissant derrière elle un vide béant. Le soleil d’Oran s’est levé ce matin-là sur une ville endeuillée, mais nul ne ressentait la perte avec autant de douleur que Sultan.

Ce jour-là, la famille, craignant que le chien ne supporte pas la séparation, décida de l’attacher sur la terrasse. Ils espéraient qu’il ne comprendrait pas. Mais comment tromper un cœur qui aime ? Dès que le cortège funèbre s’ébranla, Sultan sentit l’absence. Un hurlement venu des profondeurs de son âme brisa le silence. Il aboya, gémit, puis dans un élan désespéré, rompit la corde qui le retenait. Il sauta de la terrasse et courut, guidé par l’amour, jusqu’au convoi funèbre.

Il marcha aux côtés des proches de Fatma, la truffe tremblante, les yeux pleins de larmes. Chaque pas était un adieu, chaque aboiement un cri du cœur. Et quand ils arrivèrent au cimetière, Sultan se figea devant la tombe ouverte, comme s’il voulait se graver à jamais dans cette dernière image.

Rien ni personne ne put le faire partir. Ni les appels, ni les caresses, ni les suppliques. Il resta là, le regard ancré sur la terre fraîche, comme si chaque grain recouvrait un fragment de son propre cœur. Il ne mangea pas, ne but pas. Il ne vivait plus que pour veiller.

Quatre jours durant, il monta la garde, affrontant la chaleur, le froid nocturne, la solitude. Mais il n’était pas seul. Il était avec elle, d’une autre manière, fidèle au-delà du visible.

Et puis, au matin du cinquième jour, alors que les premiers rayons du soleil caressaient les pierres du cimetière d’Oran, on retrouva Sultan. Allongé paisiblement sur la tombe, il semblait dormir, enfin en paix. Il avait rejoint Fatma dans l’éternité, scellant à jamais son serment silencieux, son acte ultime d’amour et de fidélité.

Cette histoire bouleversante nous rappelle que certains liens dépassent les mots, les espèces, et même la mort. Sultan n’était pas seulement un chien… il était un cœur pur, fidèle jusqu’à son dernier souffle.

Version arabe





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